SALY PORTUDAL : La station balnéaire veut renforcer son attractivité
La commune de Saly Portudal qui abrite l’une des plus importantes stations balnéaires de l’Afrique de l’Ouest n’arrive toujours pas à trouver les solutions pour dynamiser et renforcer son attractivité. Aujourd’hui, l’équipe municipale veut soigner l’image de la ville et conforter sa visibilité au niveau international. Elle mise sur des projets et équipements vitaux qui devront transformer Saly en une ville moderne, à la hauteur des espérances et des défis.
Avec ses nombreux hôtels, ses résidences, la commune de Saly reste l’une des villes les plus importantes du pays. Cette ville qui abrite la première station balnéaire de l’Afrique de l’Ouest (elle a été inaugurée en 1984) s’est développée grâce une importante activité touristique qui a réussi à supplanter la pêche et l’agriculture.
Depuis sa communalisation en 2008, Saly Portudal qui compte aujourd’hui près de 30.000 habitants a entamé sa mue. Ancien village de pêcheurs devenu station balnéaire, elle vit au rythme d’une dynamique soutenue de réalisations de plusieurs projets structurants dans des domaines variés destinés à améliorer les conditions de vie des citoyens et à ériger cette localité en un centre urbain moderne. Mais Saly Portudal ne s’est pas développé au rythme souhaité, malgré les nombreux projets de développement qui y ont été lancés au cours de ces dernières années pour le hisser au rang des grands pôles urbains. Les difficultés subsistent avec un certain nombre de contraintes liées essentiellement au problème d’adduction d’eau, d’éclairage public, d’assainissement. Il s’y ajoute l’absence d’interconnexion des réseaux dans les différents quartiers, la faiblesse du réseau routier et des équipements publics de proximité.
Une attractivité à conforter
Aujourd’hui, le développement de la station occupe une place importante dans la politique de l’équipe municipale. Pour soigner l’image de leur ville et conforter son attractivité, la volonté affichée d’Ousmane Guèye et de ses collaborateurs est de réaliser un mouvement de rattrapage en ce qui concerne les infrastructures de base.
Si beaucoup d’efforts ont été consentis, il résulte que les réalisations sont insuffisantes par rapport aux attentes. « Il y a des programmes structurants qu’on ne peut pas dérouler sans le soutien de l’État », a reconnu le maire. « Lors de la venue du chef de l’État pour le lancement de la saison touristique en 2013, nous lui avions exprimé trois doléances. D’abord, la construction d’un centre de santé de référence, puis l’assainissement et enfin l’embellissement du boulevard. Pour ce qui est du dernier point, il a tenu ses promesses. La Sapco a même fait des études et les travaux d’embellissement ont démarré », a fait savoir le maire.
Parmi les chantiers les plus importants de la commune figure l’assainissement qui, de l’avis du maire, est assez problématique. « Nous avons dégagé une enveloppe de 235 millions de francs CFA pour ce volet. Les études sont en cours avec l’Onas, l’entreprise qui a gagné le marché a démarré les travaux ». L’extension du réseau électrique fait aussi partie des priorités. « En 2013, la commune a injecté 450 millions de francs CFA et 71 millions de francs CFA en 2014. Pour 2015, on a lancé un appel d’offres. On a prévu une enveloppe de 55 millions de francs CFA », a expliqué le maire. L’adduction d’eau n’est pas en reste. « Cette année, on a entamé des travaux avec la Sde. On a prévu une enveloppe de 19 millions pour l’extension », a-t-il noté.
Des projets sont également prévus dans le cadre du renforcement du réseau routier de la commune qui ne compte que 5,5 km de route bitumée, dont 5 km qui partent de la RN1 jusqu’à Saly Portudal et 0,5 km qui relie le centre de formation à la RN1. « Nous avons signé une convention avec l’Ageroute pour réaliser deux routes avec un axe qui part du musée jusqu’à la limite avec Mbour et une autre ancienne déviation de la route nationale jusqu’à la limite avec Mbour », a relevé Ousmane Guèye.
Dans le domaine de la santé, Saly n’est pas bien pourvu. La commune ne compte que deux postes de santé qui ont du mal à satisfaire toute la demande. Le maire Ousmane Guèye a annoncé la construction d’un centre de santé de référence qui est devenu, selon lui, une nécessité.
Dans l’objectif de promouvoir le mouvement sportif, le maire a annoncé la construction d’un stade municipal de 4500 places aux normes de la Fifa, une école élémentaire moderne d’un coût de 450 millions de francs CFA, un centre aéré avec piscine aux normes pour accueillir les stages de l’équipe nationale de football et d’autres clubs.
Pour insuffler à la ville une nouvelle dynamique culturelle et renforcer le secteur social, la municipalité, selon Ousmane Guèye, a construit un foyer des jeunes. Ce complexe qui sera prochainement mis à la disposition des jeunes permettra, à l’en croire, leur épanouissement à travers la création d’activités culturelles et sociales.
Ces différents projets sont, selon le maire, de nature à contribuer au renforcement de l’attractivité économique de Saly Portudal et à l’amélioration du cadre de vie de sa population, de même qu’ils permettront à la station balnéaire de répondre au mieux à la demande croissante de structures.
Optimiser les recettes fiscales
Depuis son érection en station balnéaire en 1984, Saly Portudal est devenu un véritable poumon financier. Les innombrables enseignes bancaires, les institutions de microfinance, les sociétés d’assurance, les agences immobilières, les centres commerciaux, les cliniques, les cabinets d’avocats, d’architectes et autres font battre le cœur de cette ville. Mais, sur le plan fiscal, les recettes ne sont pas aussi conséquentes qu’elles devraient l’être. Selon le maire, les hôtels paient des patentes, mais beaucoup d’efforts restent à faire. « Il y a certains qui honorent leurs engagements vis-à-vis de la mairie et d’autres qui ne font pas beaucoup d’efforts. Cette année, avec la crise, la situation est devenue plus complexe, car beaucoup d’hôtels ont connu des difficultés », a-t-il relevé.
Selon le maire, le fonctionnement d’une commune est très difficile. Toutefois, a-t-il fait savoir, la ville de Saly, avec l’appui du Trésor, va développer des stratégies pour accroître ses recettes. « Nous allons procéder à un recensement de tous les hôtels, des restaurants, des résidences, des commerces et services qui doivent s’acquitter de la taxe municipale et les obliger à payer régulièrement. Cela fera beaucoup de rentrées d’argent qui vont renflouer les caisses de la commune. Si le projet aboutit, la ville va se développer ; ce qui nous permettre d’assister davantage les populations », a dit le maire, non sans souligner que beaucoup de communes envient sa ville. « Ils disent que la commune de Saly a de l’argent. Même si c’est vrai, nos attentes sont plus grandes que les leurs. Car les ambitions de la commune sont très grandes », a-t-il expliqué. D’ailleurs, a-t-il révélé, l’équipe municipale mise sur un plan d’investissement communal (2012-2022) d’un montant de 22 milliards qui va se pencher sur les priorités des populations, à savoir la santé, l’éducation, l’assainissement, l’eau, l’électricité et un cadre de vie sain pour le développement et l’épanouissement de nos populations. Ce plan, de l’avis du maire, permettra de dépasser de nombreuses contraintes et d’optimiser l’exploitation de certains secteurs comme le tourisme et la pêche.
Stopper l’érosion côtière
L’urgence pour Saly Portudal, c’est de freiner l’érosion. Le tourisme impacte fortement sur l’économie locale et Saly compte beaucoup sur le développement de ce secteur pour continuer d’exister. Le maire a ainsi invité l’État à mettre un dispositif pour stopper l’érosion qui continue de gagner du terrain. « Saly est menacé par l’érosion côtière. Quand on parle de station balnéaire, on pense à la plage et on n’en a presque plus. La municipalité, à elle seule, ne peut rien faire face à cette situation. Les hôteliers ont tout tenté, mais en vain. Nous invitons l’État à prendre les choses en main, à faire une étude très sérieuse pour régler ce problème », a imploré le maire.
Par ailleurs, Ousmane Guèye a invité les fils de Saly à s’impliquer davantage pour la sauvegarde et le développement de leur terroir. « Tout le monde sait qu’autrefois l’agriculture et la pêche constituaient les sources de revenus du village. Si le tourisme se gâte, les champs de mil et d’arachide ne reviendront pas, car il n’y a plus de terres pour cultiver. Les populations seront donc les plus grands perdants. Les fils de Saly doivent s’unir et travailler la main dans la main pour l’intérêt de leur ville et ne jamais laisser les étrangers saborder tout le travail qui a été fait jusque-là », a-t-il indiqué.
Selon le maire, les défis sont énormes, mais l’espoir est permis avec tous ces projets qui vont permettre de résorber les nombreux problèmes et changer complètement le visage de la station. Ce qui, à son avis, permettra d’améliorer davantage les performances touristiques.
Croisade contre l’insécurité
Le tourisme est fortement terni à Saly Portudal à cause des graves problèmes d’insécurité au moment où la station tente de se relever de la crise qui frappe le secteur depuis quelques années. C’est le constat fait par les autorités municipales qui veulent, avec l’aide des pouvoirs publics, s’attaquer de manière frontale à ce phénomène et redonner à leur ville cette quiétude qui a jadis fait sa réputation.
Longtemps considéré comme un havre de paix, Saly Portudal est aujourd’hui en proie à l’insécurité. Meurtres, agressions, violences physiques, cambriolages, vols de voitures, braquage, vol à main armée, viols sont autant d’indicateurs pour établir le baromètre de la délinquance dans la commune de Saly. Les populations vivent dans la crainte d’une agression ou d’un cambriolage. Cette situation préoccupe au plus haut point l’actuelle équipe municipale.
Pour sensibiliser et discuter du climat d’insécurité qui règne actuellement dans la ville et voir les voies et moyens de s’attaquer de manière frontale à ce phénomène, le maire Ousmane Guèye a initié une rencontre rehaussée par la présence du préfet Ousmane Kane et de l’adjoint au sous-préfet de Sindia. Les conseillers municipaux, les délégués de quartier, les imams et les notables ont été associés à cette rencontre qui a permis de diagnostiquer tous les maux. Ces derniers ont été unanimes. La recrudescence de l’insécurité est, selon leurs dires, à chercher dans la floraison des résidences devenues de hauts lieux de perversion, des bars et autres débits de boisson, l’invasion des étrangers qui a engendré la cybercriminalité, le trafic de drogue, la prostitution, le manque de collaboration de la population a été dénoncé.
Selon les différents acteurs, les forces de sécurité ont durci la lutte, mais la criminalité a atteint des proportions inquiétantes. Et ce qui intrigue le plus le maire et ses collaborateurs, c’est le professionnalisme avec lequel les malfrats commettent leurs infractions, avant de se retirer de la ville.
L’absence de réglementation de la gare routière implantée au croisement Saly a été évoquée, tout comme les bars jouxtant les lieux de culte et les établissements scolaires. « Le Saly d’hier est différent de celui d’aujourd’hui. Notre ville est devenue invivable, car prise en otage par l’insécurité. Il nous faut faire une introspection.
Les forces de l’ordre font ce qu’elles peuvent, les populations doivent les soutenir », a relevé le maire. « On assiste aujourd’hui à un rush des étrangers, et le malheur c’est qu’on ne connaît ni leurs attaches encore moins leurs activités. Certains chefs de familles, mus par le souci du gain, louent leurs maisons à des gens qui viennent de nulle part ; ce qui est très dangereux », a déploré Ousmane Guèye en invitant les populations à revoir les conditions de location.
La peur, selon l’édile de la ville, doit changer de camp. Il a plaidé pour une franche collaboration avec les forces de sécurité pour faire face au grand banditisme et à la délinquance. Selon le maire, les travaux de construction du poste de police pour renforcer la sécurité ont connu un coup d’arrêt. Il a cependant assuré qu’ils reprendront bientôt.
Après les discussions, plusieurs solutions sont ressorties pour redorer le blason terni de Saly. La dénonciation des individus louches dont les activités ne sont pas connues a été préconisée, de même que la réglementation des bars, le recensement des résidences, des étrangers, la création d’un poste de police pour renforcer la sécurité, le renforcement des moyens de la gendarmerie, l’augmentation des patrouilles, entre autres.
Le préfet du département a salué cette initiative du maire. Selon Ousmane Kane, plusieurs solutions sont ressorties et leur application permettra de changer la donne. « L’État ne lésinera pas sur les moyens pour rehausser l’image de la station », a-t-il assuré.
En outre, a souligné le préfet, la sécurité doit être l’affaire de tous, mais pas seulement l’affaire du préfet, de la gendarmerie ou de la mairie.
Ousmane Kane, qui a plaidé pour une synergie d’action et de solidarité administrative, a assuré que tous les problèmes recensés seront pris en charge. Des mesures seront également prises et appliquées concernant les bars, les résidences privées et la gare routière.
Samba Oumar Fall/Lesoleil